Les Tendinites
LES TENDINITES
De plus en plus fréquentes dans le sport moderne, à tous les niveaux et à tous le âges, les tendinites sont une plaie de l'activité physique. Leur traitement et leur évolution n'étant pas aisés, il convient de bien les connaître pour les traiter précocement, et mieux, prévenir leur apparition ou leur récidive.
Quelques définitions:
Le tendon :
Extrémité peu contractile du muscle, formé de tissu solide, d'habitude peu élastique, peu et mal vascularisé, qui s'ancre solidement à l'os. le tendon transmet à l'os sur lequel il s'insère la force développée par le muscle; il permet ainsi le fonctionnement de l'appareil locomoteur.
C'est donc une formation fibreuse très résistante à la traction, peu vascularisé, nous le répétons, ce qui rend difficile tout traitement, mais très pourvue en terminaison nerveuse, ce qui rend les tendinites très douloureuses. En fonction de la forme du muscle, le tendon pourra être court et épais, (quadriceps, au dessus de la rotule), long et mince (biceps crural, derrière le genoux) ou plat (tendon rotulien, au dessus de la rotule). Les tendons long et minces se trouvent souvent enveloppés d'une gaine de glissement contenant du liquide visqueux : la synovie, qui facilite le déplacement du tendon. Une bourse séreuse peut séparer le tendon de la surface osseuse. Les bourses séreuses sont de petites poches de tissu conjonctif doublées d'une membrane qui sécrète un liquide favorisant le glissement. Les bourses séreuses jouent plus ou moins le rôle de coussinets pneumatiques. Lors de l'inflammation du tendon, les gaines de glissement et les bourses séreuses peuvent aussi s'inflammer. Parfois, une gaine ou une bourse est seule atteinte, et fait croire à une tendinite.
Tendinite ou ténosite :
Inflammation d'un tendon. L'inflammation est l'un des principaux moyens de défense de l'organisme qui l'utilise pour lutter contre ses innombrables envahisseurs, toxines, virus, microbes. Dans le cas de la tendinite, il s'agit d'une réaction à l'accumulation de toxines (urée, acide urique, acide lactique, qui sont les déchets de la combustion musculaire) au niveau du tendon. Il n'y a ni virus, ni microbes. L'inflammation se caractérise par quatre symptômes dont l'association est typique : rougeur, chaleur, gonflement et douleur. Manifestation en soi très profitable, l'inflammation peut parfois dépasser le but qu'elle poursuit; c'est ainsi que la douleur peut être insupportable, ou que le gonflement se produisant à des endroits intempestifs aboutit éventuellement à des compressions très douloureuses.
Où?
L'articulation la plus exposée du membre inférieur est le genou, qui ressent la moindre erreur de position. La cheville compense ces éventuelles erreurs par une grande souplesse et la hanche par une très grande force musculaire. Le genou, articulation médiane du membre inférieur, ni très souple, ni très musclé, est de plus très sollicité par la pratique du vélo. Il est en perpétuel mouvement, répète des milliers de fois la même amplitude de pédalage, ainsi qu'une éventuelle erreur de position, exposant ainsi les différents tendons qui l'entourent à des accidents de types inflammatoire.
Différents tendons du genou peuvent être atteints lors de la pratique du cyclisme :
- Devant le genou : Tendon quadricipital et tendon rotulien à ses deux extrémités, ailerons rotuliens de chaque coté de la rotule (Schéma 1).
- Derrière le genou : Les tendons de la patte d'oie : 75% des tendinites du genou. Ces tendons sont situés à la face interne du genou, au niveau de l'insertion des muscles de la patte d'oie (couturier, droit interne, demi-tendineux). Les tendons de la face postérieure ou inféro-externe du genou : au niveau de l'insertion du biceps crural sur la tête du péroné (Schéma 2). Au niveau des différents tendons, l'inflammation peut siéger :
- soit à l'insertion sur l'os,
- soit sur le corps du tendon,
- soit à la jonction du muscle et du tendon.
Enfin, on observe fréquemment des ténosynovites, inflammation de la gaine et du liquide favorisant le glissement du tendon. Celles-ci s'accompagnent volontiers de sensations de crépitement à la mobilisation active. Leur évolution est plus rapide et plus simple que celle de la tendinite. Le repos, la physiothérapie et les anti-inflammatoires en viennent à bout en 6 à 10 jours.
Quand?
La tendinite peut survenir à la suite d'un effort physique unique et violent. En cyclotourisme, elle survient le plus souvent à la suite d'effort moindres mais répétés, aboutissant au surmenage et à l'inflammation du tendon et de ses parties annexes. Plus ou moins vite, la douleur se manifeste pendant tout le mouvement de pédalage ou lorsque celui-ci atteint un certain niveau d'intensité ou dépasse un certain angle d'amplitude. Le cyclo ne souffre pas lorsqu'il utilise de petits braquets, mais dès que le braquet augmente, la douleur apparaît. La tendinite et la douleur s'atténuent spontanément au repos mais réapparaissent à la reprise de l'effort, obligeant le cycliste à suspendre son activité physique.
Symptômes
Tendinite de la patte d'oie : Elle se manifeste par une douleur de la face interne du genou irradiant vers la jambe, persistant souvent au repos, aggravée par l'effort, la marche et la descente des escaliers.
Tendinites du biceps crural : La douleur se localise au niveau de la tête du péroné.
Tendinite rotulienne et quadricipitale : L'extension contrariée de la jambe sur la cuisse met en évidence la douleur. Celle-ci apparaît au genou, au-dessus ou au-dessous de la rotule. Cette douleur qui cesse après l'arrêt de l'effort, devient permanente dès que le genou est fléchi, même au repos. La position assise, jambes pliées est pénible. La jambe allongée, genou en extension, constitue la seule position non douloureuse.
Des facteurs favorisants…
L'âge : Les tendons vieillissent beaucoup plus vite que les muscles. Il s'ensuit une fragilisation des tendons. On estime qu'à partir de 30 ans le risque de tendinites augmente.
Les intempéries : Le froid, la pluie froide, provoque la vasoconstriction des vaisseaux sanguins, d'où un ralentissement de la circulation et un risque accru d'accumulation de toxines au niveau du tendon, déjà mal vascularisé.
Un apport hydrique insuffisant : Il ne permettra pas de laver suffisamment l'organisme. Là aussi, les toxines ont tendances à séjourner dans les endroits très sollicités et peu irrigués tels que les tendons.
Un entraînement mal conduit : Une modification du rythme d'entraînement, un surentraînement, créant un état de moindre résistance de l'organisme, favorisent l'apparition des tendinites. Un certain nombre de tendinites se rencontrent lors d'une reprise trop brusque de l'activité après une période de repos.
Une musculation mal conduite ou mal adaptée : Elle se rencontre en particulier chez les jeunes sportifs. Le système musculaire, considérablement développé, et souvent de façon anarchique et irrationnelle, se transforme en un moteur hyperpuissant, tandis que le système de transmission, les tendons, moins influencés par les exercices, s'avère trop faible pour supporter de telles sollicitations; d'où tiraillements, irritations, arrachement ou ruptures partielles ou même totale de tendons.
...Et les causes proprement dites
Mauvaise position : Une position trop basse sur le vélo, ou trop avancée, provoque des ateintes de l'appareil extenseur : tendons rotulien et quadricipital. Un position trop haute, ou trop à l'arrière favorise l'apparition de tendinites de la patte d'oie et du biceps crural. U effort trop long ou trop intense, en fonction de ses possibilités du moment, de son âge, de la météo, etc… En un mot, une imprudence caractérisée. Tout comme un départ à froid trop rapide avec un échauffement insuffisant ou inexistant.
Erreur de matériel : Cale usée, axe de pédalage ou manivelle faussés. Changement de chaussures de cambrures différentes ou avec des semelles plus ou moins épaisses, sans modifier la hauteur de selle. Changement de selle pour une pus souple, qui induira une position plus basse, ou pour une plus dure qui provoquera un position plus haute, là aussi sans compenser par une modification de hauteur de selle. Changement de cadre du vélo, avec utilisation d'un cadre plus droit, plus à l'avant (c'est à la mode!) qui provoque une plus grande sollicitation des muscles de la face antérieure de la cuisse. Les tendons sont fragilisés. Il peut s'ensuivre des tendinites au dessus et en dessous de la rotule.
Inégalité de membres inférieurs : La tendinite pourra survenir à répétition devant le genou sur la jambe la plus longue et derrière le genou sur la plus courte, ou sur les deux en même temps.
Troubles morphologiques : Anomalies de la voûte plantaire ou de la morphologie des orteils, malformations congénitales de hanche ou de genou, malposition de la rotule.
Séquelles traumatiques : Lésions des ménisques, entorses du genou, fractures de jambe consolidées dans de mauvaises positions.
Présence d'une induration périnéale : Elle peut provoquer l'apparition de tendinites, le cyclo recherchant une position non douloureuse, cause d'étirements des tendons et de travail des segments jambiers dans un position inhabituelle et irrationnelle.
Inadaptation des chaussures cyclistes : Semelle trop dure, ou trop molle, chaussures trop longues, entraînant des douleurs au niveau des pieds, et par voie de conséquence, un pédalage défectueux, source de tendinites.
Infection : L'apparition de tendinites peut survenir lors de tout foyer infectieux à distance, tel qu'un mauvais état dentaire.
Antibiotiques : De récentes observations ont permis de démontrer que la prise de certains antibiotiques pouvait déclencher des tendinites particulièrement inflammatoires et douloureuses. Il s'agit des Fluoroquinolones, antibiotique prescrit essentiellement pour combattre les infections urinaires et gynécologiques, ainsi que certaines maladies O.R.L. comme les sinusites et les otites. On les trouvent en pharmaties sous les dénominations suivantes : Apurone, Ciflox, Enoxor,Eracine, Negram, Noroxine, Oflocet, Peflacine, Pipram, Urotrate. En cas de douleurs tendineuses survenant pendant la durée de traitement, il faut prévenir rapidement le médecin traitant, qui pourra être amener à interrompre la prise de ces médicaments, et à les remplacer par d'autres plus tolérés par le patient.
Le traitement
Quelles que soient les thérapies envisagées, elles devront être précoces, intenses et associer une mise au repos du tendon concerné. Il faut d'abord supprimer la cause quand on la connaît, surtout s'il s'agit d'une erreur de position et si on ne la connaît pas, exiger l'examen du cyclo sur son vélo par le médecin ou le kiné de son choix. Globalement, pour une tendinite devant le genou, on conseillera de remonter et reculer la selle. Pour une tendinite derrière le genou, il faudra au contraire descendre et avancer la selle. Ces modifications ne devant être que très progressive et ne porter que sur quelques millimètres à chaque fois.
Le repos : Il est indispensable, et quelles que soient les thérapies utilisées, elles échoueront si le repos ne leur est pas associé. Il est de l'ordre d'un mois.
Les anti-inflammatoires : Par la voie générale : sous forme de comprimés, de suppositoires, injections intramusculaires, et depuis peu sous forme d'emplâtre à coller aux endroits douloureux. Il faut un traitement assez long, trois semaines environ, pour être efficace. Les formes orales, gélules, comprimés, peuvent déclencher des problèmes digestifs, plus ou moins graves. En application locale : pommades, gels, liquides percutanés.
La mésothérapie : Cette thérapeutique consiste en des injections multiples sous le derme, juste sous la peau, d'un produit anesthésique, d'un produit anti-inflammatoire, associé ou non à un produit améliorant la circulation sanguine locale. Pour une tendinite débutante, le résultant peut s'avérer spectaculaire.
Les infiltrations locales d'anti-inflammatoire : Elles doivent être pratiquées par un opérateur entraîné. On n'injecte pas dans le tendon (risque de rupture ou de sclérose) mais entre la gaine du tendon et le tendon lui-même. L'asepsie doit être rigoureuse. On ne peut en faire que trois ou quatre, après il y a risque de sclérose du tendon. Les produits utilisés appartiennent à la famille des corticoïdes. Même si l'effet de soulagement apporté par les infiltrations est parfois spectaculaire, le temps de repos prescrit devra être observé, faute de quoi la récidive sera de règle.
La Kinésithérapie : Les massages transversaux du tendon selon la méthode de Cyriax, avec ou sans baume révulsifs. Les applications de chaleur :les rayons infra-rouges, para-fango, emplâtres, cataplasmes. Les ionisations de produits anti-inflammatoires. Les applications d'ultrasons. Le massage réflexe. Enfin tout traitement moderne des tendinites ne sauraient s'effectuer sans procéder à des étirements passifs du muscle et du tendon concernés. Dans un premier temps, pendant la période douloureuse et juste après, ils sont du ressort du kiné.
La mise au repos de l'articulation : On utilisait autrefois l'immobilisation plâtrée, qui était parfois de mise chez les sujets qui refusait le repos. Elle entraînait une fonte musculaire, une raideur de l'articulation et parfois même des phlébites. On lui préfère maintenant la contention souple à l'élastoplaste, le tendon étant en position courte, qui empêche les mouvements douloureux tout en permettant une certaine mobilité.
La phytothérapie : Les plantes utilisées en période aiguë seront essentiellement l'Harpagophytum, "la griffe du diable" dont les propriétés anti-inflammatoires sont depuis longtemps reconnues, et le saule blanc, puissant anti-douleur.
L'acupuncture : Elles donnent de très bons résultats en forme aiguës et chroniques.
La chirurgie : On l'utilise en dernier recours dans le cas de rebelle. Son succès tient aussi au fait qu'elles oblige au repos des gens qui s'y refusait jusqu'alors. Les tendinites confiées au chirurgien ne récidivent qu'exceptionnellement.
Diététique : Dans tous les cas on augmentera l'apport hydrique (de préférence de l'eau!) afin de faciliter l'élimination des toxines, et on diminuera les aliments riches en déchets : viande rouge, gibier, charcuterie, viandes grasses, les sauces …
En résumé le traitement doit être précoce, intense et suffisamment prolongé. Pour obtenir rapidement des résultats satisfaisants, on aura intérêt à associer plusieurs thérapeutiques. Par exemple traitement anti-inflammatoire par voie générale + physiothérapie + contention souple, ou le "tout naturel" phytothérapie + acupuncture + physiothérapie. Enfin toute thérapeutique est voué à l'échec si le repos ne lui est pas associé.
Prévention :
Voici quelques conseils à suivre!
Compenser les inégalités des membres inférieurs par le positionnement adéquat des cales sous les chaussures, de semelles compensatrices, voire dans les cas graves par des manivelles de longueurs différentes, etc..;
Ne pas oublier son âge, admettre le vieillissement et ne pas toujours suivre les plus jeunes.
Lutter contre le froid : emplâtres sur les endroits exposés ou déjà atteints avant le départ, genouillères en laine ou en Thermolactyl pendant la sortie.
Boire suffisamment: au minimum 1,5 litre par jour, les jours sans vélo, 1/4 de litre par heure (1/2 bidon) en cas de randonnées dans des conditions climatiques normales.
Faire de la musculation intelligente, guidée par des gens compétents. Soigner sa position en particulier sur de longues distances. Une erreur minime passera inaperçue sur 50 km, mais ne pardonnera pas sur un brevet long de 200 km ou plus, compte tenu de la répétition du mouvement inadapté. Pour cela consulter un médecin ou un paramédical cyclo. Ne s'engager dans des épreuves qu'à sa portée, en fonction de son entraînement, de son âge, de ses possibilités et de la météo. La sortie héroïque de février, sous une pluie glaciale, peut provoquer des ennuis articulaires qui gacheront tout le reste de la saison.
Soigner l'échauffement, surtout après 30 ans. Juste avant le départ, procéder à des étirements, progressifs et non violents.
Surveiller son matériel. Se méfier des chaussures neuves, de semelles neuves, des manivelles plus ou moins longues, qui modifie la position.
Eviter une alimentation trop riche en protéines (viandes rouges surtout) qui augmente la quantité de toxines à éliminer. Compenser les carences alimentaires favorisant la survenue de tendinites. La phytothérapie offre une solution avec le Bambou Tamashir. Véritable source de silice, c'est l'un des meilleurs traitements préventifs.
Ne pas négliger le massages après l'effort, surtout après une sortie longue et pénible (grand brevet montagnard). Insister sur les insertions les plus sollicitées. Le massage se révèle indispensable lors de la reprise de l'activité, sur un tendon ayant été atteint, pour éviter une récidive. Ces massages seront suivis d'étirements. Pour prévenir des tendinites du genou, on étirera les quadriceps devant la cuisse, et les ischio-jambiers derrière la cuisse.
Evolution :
Une tendinite mal soignée ou pas soignée évolue vers la rupture du tendon totale ou partielle, nécessitant une réfection chirurgicale.
La tendinite récidive volontiers. Il faut avoir que le tendon atteint sera fragile pendant plusieurs mois, et il faudra essayer de le ménager, en particulier soigner l'échauffement, réduire les braquets, tenir la région atteinte au chaud (emplâtre, genouillères, etc…) et effectuer un massage après chaque sortie. La tendinite est une affection bénigne pour le sédentaire mais grave pour le sportif. Elle impose le repos. Le traitement doit être précoce, intense, et confié à des spécialistes. Négligée, elle peut avoir des conséquences graves sur la poursuite de l'activité sportive. bien soignée, elle peut néanmoins récidiver en cas d'imprudence.
La prévention prendra donc toute son importance pour éviter l'apparition de cette atteinte difficile à maîtriser.